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La musique est une première nature chez l’homme. Un ouvrage en évoquait l’importance historique, il y a quelques années*, et cette évidence persistera encore longtemps. Car c’est le son, plus que l’image, qui nous guide. On peut fermer les yeux mais « biologiquement », on ne peut pas se boucher les oreilles. L'être humain est un primate avec des goûts de son : il s’apprivoise et s'éduque l'oreille. Et aujourd’hui, on constate, en nos temps « modernes », qu’il n'y a jamais eu autant de musiques, d’interfaces dédiées à celle-ci et de musiciens qui l’interprètent…
Rapidement, les artistes de tout genre ont été entourés et cajolés. Le siècle dernier, en particulier, a initié et amplifié les mass-media, les maisons de disque, les concerts géants… et le tube de l'été. La technologie s’est aussi mêlée de la pratique et de la diffusion musicale. Les instruments ont considérablement évolué, les techniques de captage et de mixage aussi. Et comme par hasard, les grosses révolutions musicales (hors classique/opéra/chanson traditionnelle), c’est-à-dire le jazz, le blues, le rock, la pop, la soul/funk, l’electro/techno sont toutes nées durant ce fameux XXème siècle.
Aujourd’hui, il est devenu rare d’entendre une musique qui n’a pas été modifiée par la technologie. Cette dernière joue alors un rôle important dans la création, la diffusion et la consommation de la musique. Dans ce contexte, trois supports physiques ont très largement contribué à la diffusion mondiale de la musique : le vinyle, la cassette puis le CD. Ils ont été les messagers de la musique, Hermès chevauchant les continents et bâtissant des carrières musicales intenses, favorisant des tournées épiques, développant des légions de fans…
Puis Internet et le numérique se sont invités dans le bal, en amplifiant encore cette diffusion musicale. Plus largement, on constate que le geste pédagogique ne peut plus être le même lorsque les connectés du monde entier disposent d'une source de connaissances quasi illimitée, gonflant sans cesse, sur YouTube et Wikipédia. Or, paradoxalement, malgré l’intense numérisation des pratiques, plusieurs phénomènes montrent la persistance (parfois même un renouveau) de la consommation culturelle des biens physiques. Cette tendance, affirmée au milieu des années 2010, s’est poursuivie aujourd’hui.
Le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) indique par exemple qu’entre 2018 et 2022, le chiffre d’affaires du vinyle a été quasiment multiplié par deux, passant de 47 à 89 millions d’euros, avec près de 5,4 millions d’unités vendues… Il n’en fallait pas plus pour faire renaître à son tour le CD. Toujours rapide et peu coûteux à fabriquer, il séduit désormais les artistes actuels comme Orelsan, qui écoule plus de 140 000 exemplaires de son album « Civilisation », par exemple, en 2021. Il est alors disponible en 15 versions aléatoires qui rappellent les vinyles colorés limités !
Tandis que nous allons chaque jour un peu plus vers la dématérialisation de la musique et la monétisation de nos contenus digitaux, voici qu’en 2024, nous avons renoué avec la production, l’édition audio et vidéo de films DVD, disques vinyles, le support avec lequel notre aventure commença dans l’industrie du disque il y a près de 45 ans dans le secteur culturel. La dématérialisation de la musique, amorcée au tournant des années 2000 avec l'avènement des fichiers numériques et des plateformes de streaming, a profondément modifié la manière dont nous accédons à nos morceaux préférés. Néanmoins, cette révolution numérique n'a pas entraîné la disparition des supports physiques tels que les CD et les vinyles. Bien au contraire, ces formats analogiques ont connu un regain d’intérêt surprenant, attirant de nouveaux amateurs et suscitant un renouveau culturel.
Les CD en particulier, bien qu'ils aient vu leurs ventes diminuer, continuent de jouer un rôle important pour de nombreux collectionneurs et amateurs de musique. En 2023, les ventes mondiales de CD ont encore généré plusieurs milliards de dollars, illustrant que ce format, malgré l'essor du numérique, reste une option prisée pour sa qualité sonore et sa tangibilité. Nous poursuivrons bien entendu notre politique de distribution de CD à nos clients. Quant aux premiers styles « RDM édition », ils sont prévus pour le premier trimestre 2025.
Ainsi, la dématérialisation de la musique n'a pas effacé les supports physiques mais plutôt contribué à la diversification des expériences musicales. En somme, la musique dématérialisée et les supports coexistent désormais dans un équilibre intéressant, offrant aux auditeurs une richesse qui reflète à la fois l'ère numérique et l'appréciation des formats traditionnels. La boucle est bouclée dans ce secteur d’activité… Numérique, CD et vinyles, en trois temps, comme une valse qui n’en finit pas… nous l’espérons pour votre plus grand plaisir.
* « 40000 ans de musique » de Jacques Chailley chez l’Harmattan, 2000.