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Art Blakey est sans doute l'un des plus grands batteurs de jazz du 20ème siècle, ce qui lui a valu en 1988 la récompense américaine la plus prestigieuse en matière de jazz : Jazz Master (NEA Jazz Master du Fonds national pour les arts, agence culturelle fédérale des États-Unis (National Endowment for the Arts).
Art Blakey est avec Kenny Clarke et Max Roach un des inventeurs du style de batterie bebop moderne, et fut l'un des piliers du genre hard bop. Lui et son groupe, The Jazz Messengers, continuent aujourd'hui encore d'avoir une grande influence sur le jazz, non seulement de par le style puissant, bluesy et funky du batteur, mais également pour avoir « lancé » de nombreux jeunes futurs grands noms du jazz, plusieurs décennies durant.
Arthur "Art" Blackey est né en 1919 d'une famille modeste et très croyante.
Sa carrière de musicien commence à l'âge de 20 ans. Il aurait commencé par jouer du piano avant de se consacrer à la batterie pour éviter de se trouver en concurrence avec un autre pianiste, Erroll Garner.
En 1937, ayant fait la connaissance de Chick Webb, batteur de talent et leader d'une formation, Art Blakey suivra celle-ci en tournée comme simple homme à tout faire.
À partir de 1939, Art Blakey joue dans les orchestres de Mary Lou Williams, Fletcher Henderson, et Billy Eckstine.
Premier batteur à faire un séjour en Afrique à la fin des années 1940, Art Blakey est profondément marqué par ce voyage, tant sur le plan musical que religieux. Il se convertit à l'islam et adopte le nom d'emprunt d'Abdullah Ibn Buhaina. C'est à cette époque qu'il apprend les bases de la percussion polyrythmique.
À la fin des années 1940 et au début des années 1950, Blakey participe aux groupes de musiciens prestigieux tels que Miles Davis, Bud Powell ou encore Thelonious Monk. Il figurera notamment sur le premier enregistrement de Thelonious Monk en tant que leader (en 1947, pour le label Blue Note), et sur son dernier (en 1971 à Londres).
Le 21 février 1954, Art Blakey donne un concert mémorable au Birdland de New York, avec Horace Silver, Curly Russell, Lou Donaldson et Clifford Brown réunis sous le nom des Jazz Messengers, moment immortalisé sur le disque A Night at Birdland (1954). L’ensemble est reformé sous l’impulsion de Silver l’année suivante, avec Doug Watkins, Hank Mobley et Kenny Dorham. Art Blakey reprend la direction de ce groupe qui deviendra la formation la plus mythique de l’histoire du jazz, laissant de nombreux standards comme Moanin’ de Bobby Timmons, Blues March de Benny Golson ou Ugetsu de Cedar Walton.
Contribuant le premier à donner au batteur un rôle de soliste, Art Blakey mène son ensemble de manière à soutenir le souffle des phrases, et de relancer les chorus. S’étalant sur une période d’une trentaine d’année, la discographie laissée par les Jazz Messengers est, de fait, considérable, incluant les bandes originales du film Les Liaisons dangereuses (1959) de Roger Vadim et Des Femmes Disparaissent (1958) d’Edouard Molinaro, ou les disques Caravan (1962), Thermo (1962) et Straight Ahead (1981).
Leader du mouvement hard bop, les Jazz Messagers d’Art Blakey vont ainsi révéler de nombreux musiciens comme Clifford Brown, Lee Morgan, Freddie Hubbard, Johnny Griffin, Wayne Shorter, Benny Golson, Lou Donaldson, Donald Byrd, Keith Jarrett, et plus récemment Branford et Wynton Marsalis, Wallace Roney ou Terence Blanchard.
Art Blakey accompagne régulièrement les membres de la formation sur leurs propres albums, comme ceux de Lee Morgan ou Kenny Dohram. Par ailleurs, Art Blakey enregistre une série de disques devenus indispensables, consacrés aux rythmes africains, dont le fameux Orgy in Rhythm (1957) où se retrouvent trois batteurs et cinq percussionnistes.
Après avoir mis fin aux tournées des Jazz Messengers à la fin des années 1980, Art Blakey mourut à New York en 1990, laissant derrière lui l'un des héritages les plus riches de l'histoire du Jazz. Ayant notamment contribué à propulser au premier plan la batterie, à l'origine instrument purement accompagnateur, pour en faire un instrument soliste et directeur, il exerce aujourd'hui encore une grande influence sur les nouvelles générations de « hard-boppers ».