Les Gazolines était le nom d'une escouade clinquante d'une douzaine de folles qui, en 1972, se regroupèrent en un groupuscule transgenre, apparu au coeur du Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR), fondé par des gays et des lesbiennes des Beaux-Arts. Leur motivation ? Bousculer l'esprit de sérieux qui caractérisait l'après 68. Hédonistes, certes, mais surtout d'une incroyable subversion dans une France qui, depuis 1960, avait classé l'homosexualité comme « fléau social, aux côtés de l'alcoolisme, la prostitution et la tuberculose », les Gazolines, aux manières efféminées jusqu'à la caricature, avaient pour mot d'ordre : « champagne, coke et falbalas ».
Par l'« hénaurme » et par la bouffonnerie, les Gazolines ont foudroyé la honte que ressentaient celles et ceux dont on disait qu'ils n'étaient pas « comme tout le monde ». Leurs manifestations farcesques pulvérisaient autant l'orgueil démesuré des révolutionnaires que la France de papa.
En 1974, après avoir tourné « La Banque du Sperme », un film de Philippe Genet et Pierre Chabal, les Gazos tireront leur révérence dans un gros nuage de fumée rose. « On était douze pintades, c'était très marginal, on se mettait du rouge à lèvres et on hurlait des slogans provocateurs. Il n'y a pas de quoi être fières », témoignait il y a peu de temps encore l'une d'entre elles. Il n'en reste pas moins vrai que les Gazolines, c'était la première Gay Pride française.
Ce documentaire inédit nous invite à les découvrir dans le contexte d'une époque «post soixante-huitarde» propice aux pires extravagances. Un programme particulièrement débridé, ponctué des témoignages réjouissants de personnalités hors du commun, telles que Marie-France, l'égérie du mouvement, Serge Kruger, Patrick Cardon et bien d'autres témoins d'un temps à jamais révolu.
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